La malachite, le vert emblématique de l’histoire de l’art

La pierre de malachite, histoire et utilisations.

La malachite est un carbonate naturel de cuivre qui donne un pigment vert vif, froid, tirant vers le turquoise. En breton, on peut le rapprocher de la teinte “glaz”, entre le vert, le bleu et le gris.

On l’utilise depuis l’antiquité et jusqu’au-delà de la renaissance comme pigment vert.

Bien que les analyses spectrographiques montrent que ce pigment a été utilisé jusqu’à une époque tardive de l’histoire de l’art et qu’il a été utilisé pendant les périodes antiques et médiévales, la méthode de fabrication de ce pigment reste souvent absente des manuscrits des grands maîtres médiévaux.

La pierre est parfois citée, mais sans processus plus précis. De plus, il y a souvent confusion dans sa dénomination (les romains nomment par exemple la malachite et la chrysocolle de la même façon), ce qui laisse place à l’interprétation dans les textes originaux.

Certains auteurs pensent que « l’azur-vert » mentionné par Cennino Cennini dans son chapitre sur les verts désigne la malachite (mais peut également désigner la chrysocolle). Le traitement que Cennini recommande pour l’azur-vert est cohérent avec ce qu’on peut expérimenter, comme par exemple de broyer ce pigment avec parcimonie, sous peine de le voir devenir « sale et cendrée”.

La pierre est d’abord pilée dans un mortier en bronze, puis broyée plus finement et enfin passée à la molette. Un premier essai dans du liant nous a donné une couleur assez terne.

Suivant les indications de Cennini, nous avons lavé le pigment par lévigation et décantation. L’eau jetée était effectivement laiteuse. Le pigment une fois sec donne une couleur beaucoup plus vive.

vert de malachite
vert de malachite
vert de malachite
Breviary, Hungary, Budapest, 1481 MS G.7 fol. 34r.

Le pigment de malachite en pratique…

Quelques photos du résultat du pigment de malachite au liant à la gomme arabique. Il y a une nette différence entre le pigment seulement broyé, et celui qui a été lavé comme le recommande Cennini.

La galerie suivante est une sélection de l’utilisation de ce beau vert à travers le monde et l’histoire de l’art.

Il est intéressant de voir, sur la fresque de Giotto, la modification de la couleur dans le temps. Le bleu du ciel est à base d’Azurite. Hors l’azurite, qui est un carbonate de cuivre hydraté, est instable à l’air libre, et à tendance avec le temps à se transformer en Malachite. Les fresques de Giotto utilisant autant l’azurite que la malachite, et cette transformation étant connue, il peut être intéressant de se poser la question dans quelle mesure le peintre anticipait cette transformation.

Biblio :
Arte Illuminandi, Anonyme (traduction Louis Dimer)
Il libro del arte, Cennino Cennini
Naturalis Historia, Pline
De Architectura (Liv VII), Vitruve

 

Pour aller plus loin :

-Vous pouvez en appendre un peu plus sur la pierre cousine bleue de la malachite, l’azurite, en allant voir notre précédent article de blog.

-Retrouvez les démonstrations de peinture médiévale pendant toutes les animations de l’été sur l’archéo-site de Pont-Croix !

Les commentaires sont fermés.