La laque de garance : place à l’expérimentation !
Pour notre premier essai, nous avons suivi une recette de Julien Guignet avec une réaction au carbonate de calcium (nous avons utilisé de la poudre de marbre). Cette recette nous a donné une magnifique teinte, mais le jus coloré à été mal filtré nous a laissé de vilains grains de racines. Le second, sur la même recette à été trop filtré cette fois dans plusieurs tissus très absorbants (et maintenant superbement teintés d’un beau rouge rosé) était devenu trop pauvre de matière colorante et nous a donné un rose très beau mais terriblement fade… Le troisième à fini à la poubelle à cause d’une série d’erreurs au séchage. Notre pigment à tout simplement fermenté et pourri avant de réussir à sécher. C’est au quatrième essai que nous avons enfin obtenu le magnifique rouge profond désiré.
Les trois premiers essais étaient donc une réaction au carbonate de calcium, qui a pour avantage de donner une généreuse quantité de pigment puisqu’on obtient, au minimum, la quantité ajoutée de carbonate “teintée” de la matière colorée. Mais le pigment gagne en opacité et donne une nuance de base blanche sur laquelle s’ajoute la couleur du jus de teinture. Dans certains cas, selon la plante utilisée, cet effet “base blanche” sera plus ou moins marqué. Pour la garance, en l’occurrence, le côté rose est vite plus marqué.
Notre recette numéro 4 se base sur une recette d’Edmond Pelouse (secrets modernes des arts et métiers, 1840). Celle-ci utilise une technique un peu différente en ajoutant une solution acide dans la teinture végétale additionnée d’alun qui va former un précipité. La matière colorée du bain de teinture va alors devenir inerte, insoluble, et va se déphaser de l’eau. Après filtrage, c’est cette matière qui sera notre pigment. Nous avons utilisé pour cette recette de la lessive de cendre et obtenu un très bon résultat et un pigment foncé, translucide et d’un rouge magnifique. Avec malgré tout une granulation encore un peu importante.
Pour notre dernière recette de laque de garance, nous voulions tester le carbonate de sodium (la soude de nos produits ménagers !) à la place de la lessive de cendre. Cette version est moins proche des recettes médiévales, mais très intéressante à utiliser pour notre travail d’atelier. Cette fois, le filtrage à été plus minutieux en amont. Le pigment obtenu est très foncé et d’une couleur magnifique…
Pour aller plus loin…
– Retrouvez la première partie de notre épopée sur la laque de garance : ici. Vous y trouverez un peu d’histoire de la garance et de la laque de garance et quelques images de son utilisation dans l’art.
-Vous pouvez retrouver quelques photo de laque de garance mise en pratique dans l’article de notre dernier atelier « fabriquez vos pigments » (mars 2024)
-Retrouvez nous pendant la période estivale sur l’Archéosite de Pont-Croix. Nous utilisons cette couleur, dans nos peintures médiévales réalisées sur place !